[2010-2020] Le jour où l’accident nucléaire de Fukushima a forcé à repenser l’énergie mondiale

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Publié le 23 décembre 2019

Le 11 mars 2011, un gigantesque tsunami ravageait la côte est de l’archipel japonais. Quatre des six réacteurs de Fukushima allaient être très gravement endommagés. Et le monde assistera, stupéfait, à trois explosions qui allaient changer la place de l’atome civil sur toute la planète. À l'occasion de l'entrée dans les années 2020, les journalistes de Novethic témoignent des événements de la décennie passée. 

Il y a cinq jours, le 11 mars 2011, le plus puissant séisme enregistré au Japon a provoqué un gigantesque tsunami. La vague a emporté la vie de plus de 18 000 personnes et laissé un champ de ruines sur 600 kilomètres de côtes. Mais, ce 16 mars, mon regard de journaliste spécialiste de l'énergie n’est tourné que vers un tout petit bout du territoire nippon : la centrale de Fukushima. Entre le 12 mars et le 16 mars, trois des six réacteurs du site ont subi une explosion d’hydrogène endommageant gravement les cuves.

Et ce matin, comme tous les matins depuis le tremblement de terre, je sors des locaux de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Elle nous a livré son bilan quotidien et a répondu à nos questions récurrentes sur les comparaisons à faire avec les parcs de réacteurs français. Mais c’est cette conversation en marge avec un expert de l’autorité qui me laisse hagard. Selon lui, nous sommes passés à quelques heures d'affecter tout l’hémisphère nord.

Refroidir avant tout

Les secours japonais mettaient tous les efforts - on les comprend - pour sauver leurs concitoyens pris dans les décombres du raz-de-marée, malgré les routes impraticables, les ponts détruits, les villes inondées. Pendant toutes ces heures, les autorités américaines sommaient Tokyo d’aller en priorité refroidir les réacteurs endommagés avant que la fusion des cœurs ne devienne incontrôlable. L’armée américaine, très présente sur l’Archipel, finira par débarquer, hélicoptères et bulldozers à l’appui, pour que les ingénieurs de Tepco, l’électricien en charge du site, puissent enfin réinjecter de l’eau dans les cuves et les piscines de combustibles en train de se vider.

Nous étions passés à côté du pire et ma fascination technologique pour l’atome était ébranlée. Le bénéfice d’une énergie abondante et peu chère valait-elle ce risque qui se joue à l’échelle humaine ? Cette réflexion à ma minuscule échelle s’est retrouvée rapidement au cœur du débat public de nombreux pays : sortie allemande de l’atome, fin du programme italien, réduction dans le mix français à 50 %, report des projets en Inde, fin programmée en Suisse…

Contrairement aux premiers augures, Fukushima n’a pas tué le nucléaire mondial, mais la renaissance de l’atome civile engagée dans les années 2000 allait gravement en pâtir. Cet accident a levé un certain tabou nucléaire qui, aujourd’hui, permet de réfléchir beaucoup plus sereinement à sa place dans nos systèmes électriques et à son rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’accident a aussi indirectement permis un essor plus rapide des énergies renouvelables et du gaz.

Ludovic Dupin, @LudovicDupin

Décennie

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