Brésil : les défis énergétiques qui attendent Dilma Rousseff

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Publié le 30 octobre 2014

Le Brésil doit quasiment doubler sa capacité de production électrique d’ici à cinq ans s’il veut répondre à la demande croissante. Champion du monde de l’énergie hydraulique, le pays se tourne aujourd’hui vers d’autres moyens de production, pas toujours respectueux de l’environnement.

"Le Brésil est en pleine crise énergétique." C’était l’une des critiques souvent adressées à Dilma Roussef par Aécio Neves, son concurrent du centre droit, pendant la campagne présidentielle. La campagne est terminée depuis dimanche dernier, et la présidente sortante, réélue sur le fil, devra se colleter à ce défi. 

La matrice énergétique brésilienne à beau être l’une des plus propres du monde, puisqu’elle repose à plus de 60% sur l’énergie hydroélectrique et à plus de 80% sur des sources d’énergies durables, elle ne suffit plus pour répondre aux besoins exponentiels du Brésil. Une dizaine d’usines et de barrages sont en cours de construction dans le pays, dont le gigantesque – et polémique – barrage de Belo Monte.

Sécurisation de l’approvisionnement

Or, depuis une dizaine d’années, pour des raisons environnementales, les usines hydroélectriques sont construites sans réservoir. Ce qui les rend bien plus sensibles aux sécheresses, notamment à celle sans précédent que connaît le pays actuellement, en particulier dans l’Etat de Sao Paulo. Pour sécuriser l’approvisionnement, le gouvernement a donc entrepris de diversifier sa matrice, de façon à ce que la production soit moins dépendante des aléas naturels. La seconde phase du Programme d’accélération de la croissance (PAC 2), lancé sous le gouvernement de Dilma Rousseff, prévoit ainsi la construction de 140 parcs éoliens qui devraient permettre de générer 3,6 GW (gigawatts).

Reprise du programme nucléaire

Le gouvernement s’est également tourné vers des sources d’énergie moins propres, notamment vers l’énergie thermique qui utilise des combustibles fossiles. "Les centrales thermiques permettent d’assurer notre production énergétique notamment en cas de sécheresse, où elles peuvent prendre le relais", justifie Franklin Miguel, spécialiste de l’énergie à la Fondation Getulio Vargas.

De nombreuses centrales sont encore en construction ou seront bientôt mises en concessions. Elles devraient générer 9 GW en plus des 22 GW que produisent déjà les centrales opérationnelles. L’ex-président Lula avait annoncé en 2008 la reprise du programme du nucléaire civil. Avec l’accident de Fukushima en 2011, la plupart des projets ont été gelés. Mais la construction de nouveaux réacteurs devrait reprendre, même si ce ne sera "a priori pas pendant la période 2014-2018, Dilma Rousseff n’ayant rien annoncé à ce sujet", rappelle Franklin Miguel.

Augmentation du prix de l’énergie

Alors qu’elle entame à peine son second mandat, la présidente devra donc faire face à plusieurs défis. Il faudra d’abord, selon le spécialiste de l’énergie, "assurer la construction plus rapide et dans les temps de toutes les usines et centrales en cours afin de répondre au plus vite à la demande et éviter les risques de coupure générale si la sécheresse continue". Parallèlement, il faudra réguler le prix de l’énergie. Avec la sécheresse, les coûts de production ont augmenté et ils seront répercutés sur le consommateur dès 2015 et 2016. "L’augmentation pourrait atteindre entre 15 et 30%", estime Franklin Miguel. Le ministère des Mines et de l’Energie n’admet, quant à lui, qu’une légère augmentation de 2,6%.

Dilma Rousseff devra manœuvrer avec adresse pour faire accepter l’augmentation du coût de l’électricité dans un pays où la classe moyenne est déjà touchée par une forte inflation. Enfin, un autre challenge pour Dilma Rousseff sera d’inciter le développement de l’énergie photovoltaïque, encore quasiment inexistante au Brésil à grande échelle.

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