Les ventes d’appareils de génie climatique (pompes à chaleur, chaudières, ventilation…) ont fortement baissé au premier semestre 2024, après plusieurs modifications apportées au dispositif d’aides MaPrimeRénov’. La nouvelle ministre du Logement, Valérie Létard, compte lever le pied sur les changements.
Il a suffi que le gouvernement procède à plusieurs modifications, en 2023 et en 2024, sur le dispositif d’aides à la rénovation MaPrimeRénov’ pour que le marché du génie climatique tousse. Comme en faisait part début juillet 2024 Saunier Duval en annonçant des licenciements dans son usine de Nantes (Loire-Atlantique), le marché français de la pompe à chaleur a fortement reculé ces derniers mois. Une chute qui concerne la plupart des catégories du génie climatique, exception faite des chaudières de moins de 70kW et des radiateurs à eau.
Entre janvier et août 2024, les ventes de pompes à chaleur (PAC) air/eau ont chuté de 46% et celles de PAC air/air de 15%, selon le syndicat professionnel Uniclima, par rapport à la même période en 2023. Le solaire thermique est également à la peine (-28% en surface de capteurs, -35% en nombre de systèmes installés), tout comme les chauffe-eau thermodynamiques (-7%). Pire, les chaudières bois-énergie voient leur ventes perdre 58% au premier semestre 2024, après une chute de 69% sur l’ensemble de l’année 2023.
La ministre du Logement temporise
Fin 2023, les pouvoirs publics ont fait part de leur intention de privilégier les rénovations globales de logements dans les critères d’attribution d’aides, au détriment des mono-gestes, soit le remplacement d’un seul équipement. Pourtant, les PAC ont continué à être aidées – ce qui n’a pas forcément été compris par les consommateurs. Les mono-gestes constituent 87% des actions de rénovation. Ils ont baissé de 56% au premier semestre.
«Il y a eu des facteurs macroéconomiques, comme l’inflation et la fluctuation du prix des énergies. De plus, MaPrimeRénov’ est un système beaucoup trop complexe et peu stable, donc peu efficace. Le système de MaPrimeRénov’ opposait la rénovation globale et les rénovations par geste. Les pouvoirs publics ont maintenu un système vraiment complexe, et les modifications opérées en mai 2024 n’ont pas eu d’effet dans les chiffres», indique Hugues Haentjens, chargé de la communication d’Uniclima.
Plusieurs organisations demandent le maintien, à minima, des changements apportés en mai dernier, pour une validité jusqu’au 31 décembre 2024, des ajustements apportés par le gouvernement à MaPrimeRénov’. Un message entendu par la nouvelle ministre du Logement et de la Rénovation urbaine, Valérie Létard. «Les mono-gestes sont essentiels et ne s’opposent pas à la rénovation globale. C’est un parcours vers la rénovation globale, mais on n’oppose pas les univers. Si on change tout, c’est là qu’on met en difficulté toute la filière. On a aussi des progrès à faire sur les outils financiers pour accompagner tout cela. Alors essayons d’être au rendez-vous de cet objectif, de ne pas changer tout le temps la règle du jeu», a-t-elle déclaré mercredi 2 octobre, lors du salon spécialisé Interclima, prenant le contre-pied de la politique jusqu’alors menée.
La biomasse en chute… tandis que les chaudières repartent à la hausse
Signe de la forte dépendance du marché du génie climatique aux aides, il n’y a pas que la pompe à chaleur qui tousse. Les ventes de chaudières bois-énergie déclarées par les industriels ont plongé de 58% entre janvier et août 2024, par rapport à la même période de l’année précédente. Des modifications avaient été apportées en 2023 à MaPrimeRénov’.
Depuis le mois d’avril 2024, un nouveau coup de rabot a été appliqué, pour les équipements domestiques de chauffage au bois. «Il y a des débats sur le fait que si on pousse trop la filière du chauffage au bois, cela pourrait desservir ce que nous pouvons faire par ailleurs au niveau biomasse», s’était justifié, en janvier dernier, Christophe Béchu, alors ministre de la Transition écologique, auprès de l’Assemblée nationale.
Dans ce contexte difficile, les ventes de chaudières (+17% au premier semestre sur les produits de moins de 70 kW) repartent à la hausse (contre -23% de ventes sur l’année 2023). «C’est une valeur refuge, repartent. Ce n’est pas étonnant. On sait comment ça marche, c’est une solution technique rassurante», observe Hugues Haentjens. Idem pour les radiateurs à eau (+6%). Des produits peut être moins modernes que les pompes à chaleur ou que les appareils à granulés… mais qui ont aussi des coûts moins importants.
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