EDF lance un plan d’urgence sur la filière nucléaire à l’heure où se joue l’avenir de l’atome

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Publié le 13 décembre 2019

EDF a présenté, vendredi 13 décembre, un plan destiné à améliorer la filière industrielle nucléaire et va nommer un responsable chargé de son application, en réponse à un rapport accablant sur le chantier de l'EPR de Flamanville remis au gouvernement en octobre dernier. Au-delà de la situation française, l’efficience de la filière nucléaire à l’heure où celui-ci est au cœur des discussions européennes sur les politiques climatiques.

Pour remettre la filière nucléaire sur de bon rail, EDF a présenté un plan baptisé "excell". L’électricien répond à une demande du gouvernement après la publication d’un rapport d'audit de Jean-Martin Folz sur les retards du chantier du réacteur EPR de Flamanville. Le plan excell sera supervisé par un "délégué général à la qualité industrielle et aux compétences", qui rendra directement compte au PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy.

"Cette personne sera recrutée dans l'industrie française mais pas dans le nucléaire, car nous devons nous remettre en cause en tirant profit des meilleures pratiques d'autres industries", a indiqué Jean-Bernard Lévy lors d'une conférence de presse. Disposant d'un budget spécifique de 100 millions d'euros pour 2020-2021, la vocation du plan est de renforcer la qualité industrielle, les compétences et la gouvernance des grands projets nucléaires.

"C'est un plan qui cherche à mettre en œuvre tous les moyens pour corriger les dysfonctionnements que nous avons constatés, notamment sur le chantier de Flamanville, et pour retrouver le niveau de qualité, de rigueur et d'excellence que nous avons connu au moment de la construction du parc", a souligné Jean-Bernard Lévy. "Nous avons à créer les conditions d'un renouveau du nucléaire français, nous avons à redonner confiance à l'Etat pour le jour où il aura à décider de relancer la construction de nouvelles centrales nucléaires", a ainsi reconnu Jean-Bernard Lévy.

Enjeu français et européen

L’efficience de la filière du nucléaire française est d’autant plus importante au moment où la place de cette énergie est débattue au niveau français pour la construction d’un nouveau parc de réacteurs, mais aussi au niveau européen en matière de protection du climat. Sa pertinence est âprement discutée dans le cadre du Green Deal présentée par la Présidente européenne Ursula von den Leyen et de taxonomie des investissements verts en cours de négociation. Si les faibles émissions de CO2 jouent en faveur de l’atome, ses déchets et ses coûts pourraient entraver son classement au rang d’énergie.

Dans une interview à l’Essentiel de la Finance Durable, Xavier Girre, directeur financier d’EDF explique : "Au même moment, nous travaillons sur le design d’un EPR optimisé, appelé EPR 2, qui s’inscrit dans la perspective d’un mix énergétique constitué à 50 % du nucléaire en 2035 et d’une neutralité carbone en 2050. Il nous semble fondamental que cet EPR - qui nécessite des investissements considérables - bénéficie d’une régulation permettant de contribuer à son financement".

Ludovic Dupin avec AFP

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