Élection US : Joe Biden promet l’arrêt de l’industrie pétrolière une fois élu, un coup de poker à haut risque

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Publié le 23 octobre 2020

Être candidat à la présidence du premier pays producteur de pétrole de la planète et promettre d’y mettre fin à moyen terme. Telle est la proposition de Joe Biden pour s’emparer de la Maison blanche, en engageant un discours de transition énergétique laissant espérer un vrai monde d’après. Un positionnement aux antipodes de celui de Donald Trump qui rappelle la situation alarmante des États pétroliers mis à genoux par la crise du Covid-19.

Jeudi 22 octobre, les deux candidats à la Maison blanche Donald Trump et Joe Biden ont tenu leur dernier débat à deux semaines de l’élection outre-Atlantique. Bien plus policé que le premier, cet échange a permis au Démocrate de prendre des positions sur l’énergie et le climat, en s’appuyant sur une sensibilité grandissante des américains pour les sujets environnementaux. Aussi, il ose lancer : "Je me détournerai progressivement de l'industrie pétrolière". Puis d’ajouter : "J'arrêterai parce que l'industrie pétrolière pollue considérablement"  en proposant de la "remplacer au fil du temps par les énergies renouvelables".

Un cataclysme dans un pays où l’industrie des énergies fossiles participe depuis des décennies à amener des candidats à Washington. En 2016, le lobby du charbon avait massivement financé la campagne de Donald Trump qui promettait une relance du secteur, avec, quatre ans plus tard,  des effets très modérés. Aujourd’hui, grâce à l’essor du pétrole et du gaz non conventionnels, les États-Unis sont le premier producteur d’hydrocarbures de la planète devant la Russie et l’Arabie Saoudite. Mais la crise du Covid-19 a lourdement ébranlé ce secteur industriel qui voit d’un mauvais œil de nouvelles contraintes, alors que les premiers signes de désinvestissements se multiplient.

Menace existentielle pour l’humanité

Au-delà de l’or noir, Joe Biden affirme ses ambitions écologiques pour la première puissance économique mondiale. Il laisse entrevoir un "monde d’après" espéré par des millions d’Américains, ébranlés par la crise économique actuelle et déjà aux prises avec les premiers stigmates du réchauffement climatique, comme l’avait si bien montré le film de Michael Bloomberg "From paris to Pittsburgh" de 2018.

Au début de la campagne, Joe Biden avait déjà envisagé d’interdire la fracturation hydraulique et de mettre fin au pétrole de schiste, avant de se dédire face à un vrai tollé. Il renforce finalement sa position en mettant en avant le danger climatique. C’est "une menace existentielle pour l'humanité (…) Nous avons l'obligation morale de nous en occuper", alerte-t-il. Conséquemment, il annonce en cas de victoire le retour des États-Unis dans l’accord de Paris dont Donald Trump s’est écarté en 2016.

Face aux propositions de son concurrent sur le pétrole, l’actuel Président riposte : "Il détruit l'industrie pétrolière. Est-ce que vous vous en souviendrez au Texas ? Est-ce que vous en souviendrez en Pennsylvanie, en Oklahoma, en Ohio ?", citant de grands États producteurs. L'actuel résident du Bureau ovale qualifie plus globalement de "désastre économique" le plan environnemental de son adversaire et critique l’essor des renouvelables prôné par son concurrent.

Ce plan de Biden, c’est un nouveau "New Deal". Pour son aspect vert, il s’agit d’un investissement massif de 2 000 milliards de dollars sur quatre ans, visant à mettre le pays sur la voie de la neutralité carbone en 2050. Cela passera par des règles environnementales renforcées pour la construction (bilan carbone neutre en 2030), la production d’électricité (plus de combustibles fossiles d’ici 2035) et l’automobile (production uniquement de véhicules électriques d’ici 2035), résume la société de gestion Ecofi.

 Ludovic Dupin @LudovicDupin

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