En Alsace, le jus de choucroute est transformé en énergie verte et les déchets ménagers servent à fabriquer des M&M’s

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Publié le 14 février 2020

La région Grand Est multiplie les initiatives pour la production d'énergies renouvelables afin d'être à énergie positive à l'horizon 2050. Novethic s'est rendu dans deux sites alsaciens, gérés par Suez, où les déchets sont transformés en énergie. Au sud de Strasbourg, le jus de choucroute est transformé en biogaz tandis que les déchets ménagers des habitants d'Haguenau, au nord de l'Alsace, servent à fabriquer des MM's.

Nous sommes à Krautergersheim, la capitale de la choucroute en plein cœur de l’Alsace, à une vingtaine de kilomètres au sud de Strasbourg. C’est ici qu’est produite 70 % de la choucroute consommée en France. Au milieu des champs de choux, cueillis à l’automne, la station d’épuration du bassin de l’Ehn, exploitée par Suez, s’est spécialisée dans le traitement des jus de choucroute très corrosifs, dont l'épandage est interdit.

Station epuration bassin de l ehn alsace

La station d'épuration du bassin de l'Ehn traite chaque année 30 000 mètres cube de jus de choucroute des producteurs alentour. (CA)

"Notre usine est unique en France, voire même en Europe, explique Alphonse Koenig, le président du syndicat mixte du Bassin de l’Ehn. Elle permet aux huit producteurs de choucroute de la région, tous situés dans un rayon de cinq kilomètres, de donner une seconde vie au jus de choucroute, jusqu’alors considéré comme un polluant." 30 000 mètres cube de jus de choucroute sont traités chaque année ici et transformés en biogaz.

La consommation de 2 200 Français

Alors que la saison bat son plein, les camions-citernes multiplient les allers-retours entre les choucroutiers locaux et la station d'épuration. Jusqu’à 15 rotations sont effectuées chaque jour en suivant toujours le même rituel : pesée du camion, contrôle du PH, filtrage des particules solides avant l'envoi dans le digesteur (bâtiment avec le dôme blanc). Le biogaz produit est ensuite mélangé à celui obtenu à partir des eaux usées domestiques et envoyé dans le réseau.

Methanisation station d epuration bassin de l ehn

Les camions-citernes multiplient les allers-retours entre les choucroutiers locaux et la station d'épuration. Les jus de choucroute sont envoyés dans le digesteur (dôme blanc). (CA)

La chaleur récupérée est utilisée sur le site pour sécher les boues d’épuration et l’énergie produite couvre 80 % des besoins du site. Au total, ce sont plus de 5 000 mégawattheures qui sont produits chaque année, soit l’équivalent de la consommation énergétique annuelle de 2 200 Français, et près de 2 200 de tonnes d’émissions de CO2 évitées.

90 % des besoins de vapeur de l'usine

Au nord de Strasbourg, à Schweighouse-sur-Moder, dans la banlieue d’Haguenau, les déchets ménagers des habitants du coin servent ici à la fabrication des célèbres bonbons M&M’s. Produite jusqu’alors à partir de chaudières à gaz, la vapeur utilisée pour faire fondre le chocolat est désormais issue de la combustion des déchets dans l’unité de valorisation énergétique (UVE) voisine, exploitée elle aussi par Suez. Un réseau de chaleur de 1 300 mètres permet de connecter les deux usines.

Usine incinération haguenau

L'incinération des déchets des voisins d'Haguenau produit de la chaleur qui est transférée vers l'usine de Mars. (CA)

Cela permet d'assurer 90 % des besoins de vapeur de l'usine Mars Chocolat, de réduire dans le même temps ses émissions de gaz à effet de serre de 60 % et ainsi de s’aligner avec la volonté du groupe d’être neutre en carbone d’ici 2040. Au total, l’UVE produit 100 000 mégawattheures chaque année pour approvisionner l’usine Mars mais aussi le papetier tout proche et l’usine Schaeffler d’équipements industriels. Cela permet d’éviter l’émission de 8 720 tonnes de CO2 par an.  

Tuyau vapeur verte mars mms

La vapeur verte transite par ce tuyau et sert à faire fondre le chocolat dans la fabrication des célèbres M&M's. (CA)

D’autres initiatives se développent en Alsace avec par exemple la valorisation des résidus de bière produite par les brasseries Kronenbourg à Obernai. Strasbourg est également devenue la première collectivité à injecter du biométhane issu des eaux usées directement dans le réseau de gaz naturel. La région Grand Est ambitionne ainsi de devenir à "énergie positive" d’ici 2050, et de produire donc plus d'énergie qu'elle n'en consomme.      

Concepcion Alvarez, @conce1

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