Guerre en Ukraine : Des experts attendus dans la plus puissante centrale européenne pour éviter une catastrophe nucléaire

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Plusieurs experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sont en route vers la centrale de Zaporijia, située dans le sud de l’Ukraine, la plus puissante d’Europe. Au cœur du conflit, cette installation occupée par les Russes depuis le début de l'invasion, est régulièrement visée par des bombardements faisant craindre un accident du type de celui de Fukushima. Pour l’instant, aucune fuite radioactive n’a été relevée mais l’objectif de l’AIEA est de démilitariser le site et ses alentours et ainsi faire retomber la tension.

Après de long mois d’attente, une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est désormais en route vers la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, la plus grande et puissante d’Europe, au cœur du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Occupée par Moscou peu après le lancement de l'invasion, l’installation compte six réacteurs de 1 000 mégawatts chacun et fait régulièrement l’objet de tirs et de bombardements, faisant craindre un accident majeur.

The day has come, @IAEAorg's Support and Assistance Mission to #Zaporizhzhya (ISAMZ) is now on its way. We must protect the safety and security of #Ukraine’s and Europe’s biggest nuclear facility. Proud to lead this mission which will be in #ZNPP later this week. pic.twitter.com/tyVY7l4SrM

— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) August 29, 2022

"Le jour est venu, la mission de l'AIEA vers Zaporijia est désormais en route. Nous devons protéger la sécurité de l'Ukraine et de la plus grande centrale d'Europe", a écrit sur Twitter Rafael Grossi, le directeur général de l'AIEA, précisant que la mission arriverait sur place "plus tard cette semaine". "Cette mission sera la plus dure de l'histoire de l'AIEA en raison de l'activité de combat menée par la Russie sur le terrain", a de son côté estimé le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba lors d'un déplacement à Stockholm.

La centrale déconnectée du réseau pendant plusieurs heures

Les pays du G7, "profondément préoccupés" par les risques d’accident nucléaire, ont demandé la garantie de l’accès "en toute liberté" du personnel de l’AIEA à la centrale. "Toute tentative de la Russie de déconnecter la centrale du réseau électrique ukrainien serait inacceptable", prévient le G7. La tension est montée d’un cran en fin de semaine dernière. Jeudi 25 août, les deux réacteurs de la centrale encore en fonctionnement ont été totalement déconnectés du réseau national à cause de dommages sur les lignes électriques, avant d'être reconnectés et remis en route dans la soirée. Une première dans l’histoire de la centrale.

"L'infrastructure de la centrale a été endommagée et il existe des risques de fuite d'hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives", avait alerté samedi Energoatom, l'opérateur des centrales ukrainiennes. Ce lundi 29 août, il indique sur son compte Telegram que la centrale de Zaporijia "fonctionne avec le risque de violer les règles de sécurité en matière de radiations et d'incendie". Par ailleurs, selon l'opérateur "10 habitants ont été blessés" à la suite des bombardements qui se sont produits au cours des dernières 24 heures, dont quatre employés de la centrale.

Devant cette situation, le président Volodymyr Zelensky avait pressé vendredi 26 août le gendarme onusien du nucléaire d'envoyer au plus vite une équipe. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a accepté l'organisation d'une mission passant "par l'Ukraine" et non par la Russie, ce qu'il exigeait auparavant et juge "nécessaire" la mission d’inspection de l'AIEA. Les deux pays ne cessent de s'accuser mutuellement de procéder à des bombardements à proximité du complexe, sur le fleuve Dniepr, et de mettre ainsi le site en péril. 

"Des rejets de type Fukushima"

"Une catastrophe nucléaire sur ce type de réacteurs ne conduirait pas à des mécanismes de rejets radioactifs identiques à ceux du réacteur numéro 4 de Tchernobyl. (…) Cependant, on peut envisager sérieusement des scénarios (…) conduisant à des rejets de type Fukushima", estime Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), cité par Le Monde.

La centrale dispose d’une vingtaine de générateurs de secours, qui pourraient prendre le relais en cas de rupture de l’approvisionnement en électricité afin d’assurer le refroidissement des réacteurs. Mais l'installation n’a pas été conçue pour prendre en compte les dommages potentiels dus à un conflit armé. Par précaution, les autorités régionales ont lancé une campagne d’information expliquant à la population comment utiliser l'iode, en cas de fuite radioactive, dans un rayon de 50 kilomètres autour de la centrale. La mairie de Zaporijjia a également fait distribuer des comprimés d'iode aux habitants.  

Concepcion Alvarez @conce1 avec AFP

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