Impasse pour la route solaire révolutionnaire… mais l’expérimentation reste positive selon le département

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Publié le 26 juillet 2019

En 2016, l’expérimentation d’une route recouverte de panneaux photovoltaïques pour produire de l’électricité devait ouvrir la voie à un large déploiement. Mais la technologie mise en place par Wattway dans l’Orne n’a pas résisté à l’usage. Pour autant de nombreuses autres routes solaires sont en déploiement en France et dans le monde. 

Le conseil départemental de l'Orne, où a été implantée en 2016 une "route solaire" longue d'un kilomètre sur une départementale, a estimé auprès de l'AFP qu'il s'agissait d'un loupé. "Au fil du temps, on s'est rendu compte que sur un plan économique, financier, en termes de production d'électricité, c'était un échec", a déclaré Alain Pelleray, directeur de cabinet du président du conseil départemental.

Selon lui, de décembre 2016 à mars 2019, il y a eu une production de 229 MWh, alors que la production prévisionnelle tablait sur 642 MWh.  "Concrètement, on comptait récupérer, de 2017 à début 2019, 22 000 euros et on en a récupéré 8 000 pour la vente d'électricité à EDF", a-t-il ajouté. En décembre 2016, Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, avait inauguré devant de nombreuses caméras la première route solaire au monde à Tourouvre, village de 1 500 habitants dans le Perche, financée par l'État (5 millions d'euros hors taxe).

Aucun regret

Cette première devait être le déclencheur du déploiement de 1000 kilomètres de routes solaires. Mais, les panneaux solaires collés, sur lesquels les voitures roulent, "faisaient du bruit" et ont été sujets à une "usure rapide", ce qui a entraîné une limitation de la vitesse à 70 km/h sur la chaussée. Ainsi, la route "va être déconstruite" d'ici la fin de l'année et la société Colas (filiale du groupe Bouygues) va remettre "des panneaux de nouvelle génération qui, paraît-il, doivent fonctionner dans de meilleures conditions", cette fois-ci sur une portion réduite, longue de 400 m.

"On n'a aucun regret, le département n'a engagé aucune dépense et nous sommes dans de la recherche appliquée. Et, en matière de notoriété, c'est bingo, on a des Coréens, des Chinois qui viennent, touristes et industriels", a plaidé Alain Pelleray.

Suite à un article du Monde daté du 23 juillet qui qualifie la route de "fiasco", Ségolène Royal s'est défendue sur Twitter. "Encouragez les entreprises qui innovent avec courage au lieu de les dénigrer. Comme pour toutes les inventions, il faut un prototype qui est fait pour tester et pour trouver des améliorations. D'autant que des parkings solaires fonctionnent bien. Parlez de toutes les réussites", a écrit l’ancienne ministre au sujet de ce projet baptisé Wattway.

Le Conseil départemental a par ailleurs voté à l'unanimité une participation de 100 000 euros pour l'installation à Tourouvre d'une sorte de site d'exposition en extérieur consacré à l'énergie solaire (passage piéton éclairé, abribus autonome...).

Ludovic Dupin avec AFP

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