[Infographie] Transition énergétique dans les pays du G20 : quelques raisons d’espérer

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Publié le 18 novembre 2020

Les politiques climatiques ont (enfin) commencé à porter leurs fruits. Dans les pays du G20, selon un nouveau rapport de Climate Transparency, publié ce mercredi 18 novembre, les émissions de CO2 liées à l'énergie ont baissé en 2019, sans que cela ne soit lié à un choc externe. Une première ! En outre, de nombreux États membres sont sur la bonne voie pour décarboner leur économie. Mais l'année 2020, marquée par la pandémie de Covid-19, constitue un moment clé : les plans de relance doivent servir la transition énergétique afin d'espérer limiter le réchauffement à 1,5°C.

À quelques jours du sommet des chefs d'État et de gouvernement du G20, qui se tient virtuellement en Arabie saoudite, un rapport de Climate Transparency (1), publié ce mercredi 18 novembre, montre des résultats positifs de l’action climatique menée dans ces pays, qui représentent les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre mondiale. Pour la première fois, les émissions de CO2 liées aux usages énergétiques baissent sans que cela ne soit lié à un choc externe. La baisse est certes limitée (-0,1 %) mais elle marque un sérieux décrochage par rapport à la hausse de 1,9 % en 2018 et de 1,4 % en moyenne sur la période 2005-2017.

"Les politiques climatiques ont lentement commencé à porter leurs fruits en 2019, notent les auteurs. La croissance des énergies renouvelables semble imparable dans tout le G20. À cela, il faut ajouter la dynamique inattendue autour de la neutralité carbone parmi les principales économies malgré la pandémie, et le fait que les États-Unis viennent d'élire le candidat à la présidentielle avec le programme climatique le plus ambitieux à ce jour. Tout en restant prudents, il pourrait y avoir des raisons d’espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C".

Infog transition energetique 2020 OK

Des progrès sur le charbon, les véhicules thermiques et le bâtiment

Cette baisse des émissions est due à plusieurs facteurs : une baisse de l’intensité carbone de l’offre énergétique (-0,8 %), une réduction de la consommation de charbon (-2 %) et une chute des émissions de CO2 du secteur électrique (-2,4 %). En parallèle, les renouvelables continuent de progresser et vont représenter 28 % du mix électrique cette année. Les émissions de CO2 du secteur agricole ont également décru de 0,5 % et leur croissance commence à ralentir dans le secteur des bâtiments (+0,9 % contre +3,2 % en 2018).

Le rapport, qui passe au crible les politiques climatiques des pays du G20 à travers une centaine d’indicateurs, note également des signaux positifs permettant une transition vers des économies décarbonées. Sur le charbon, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni se sont ainsi fixés des objectifs de sortie progressive compatibles avec l’Accord de Paris tandis que le Brésil, l’Union européenne et la Chine veulent réduire leur consommation et que 13 pays entendent diminuer leur financement public. En outre, 16 pays ont mis en place des politiques visant à accroître la production d’électricité à partir de renouvelables.

Dans le secteur des bâtiments, la France, l’Italie et l’Allemagne ont des objectifs compatibles avec un scénario 1,5 °C et 18 États ont pris des mesures pour des bâtiments basse consommation. Un prix carbone est également à l’œuvre dans 18 des 20 pays du G20, à des niveaux encore trop bas, et 17 membres ont adopté des principes de finance verte. Enfin, dans le secteur des transports, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon et la France vont bannir les véhicules thermiques entre 2030 et 2050.

Des plans de relance encore trop "bruns"

Cette année, en raison de la pandémie de Covid-19, la baisse des émissions devrait atteindre 7,5 % dans les pays du G20 et 8 % au niveau mondial. Cette chute de la demande énergétique va permettre de gagner l'équivalent de 2,5 années sur la baisse tendancielle des émissions de gaz à effet de serre, selon les estimations de BloombergNEF (2). Les émissions mondiales de CO2 semblent ainsi avoir atteint un pic en 2019, et si elles vont rebondir avec la reprise économique, elles ne reviendront pas au niveau de 2019, selon BNEF. Entre 2027 et 2050, elles doivent même décliner de 0,6 % par an.

Cependant, malgré ces progrès de la transition énergétique, BNEF estime que le monde est toujours sur le chemin d'un réchauffement de 3,3°C d'ici 2100. "Pour limiter le réchauffement à 1,5°C, les émissions devraient chuter de 10 % par an", soit beaucoup plus que la tendance actuelle, souligne Matthias Kimmel, co-auteur du rapport. Les experts appellent les Etats à être plus ambitieux dans leurs plans de relances alors que ceux-ci financent à 54 % les énergies fossiles, la majorité du temps sans aucune contrepartie, contre 30 % pour les investissements verts. Les combustibles fossiles représentaient toujours 82 % de la production d’énergie primaire en 2019 au sein du G20. 

Concepcion Alvarez @conce1

(1) Voir le rapport de Climate Transparency

(2) Voir le rapport New Energy Outlook 2020 de BloombergNEF 

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