L'Etat français sera actionnaire unique d'EDF le 8 juin prochain, a annoncé mardi le ministre des Finances, Bruno Le Maire, sur RTL. "L'Etat a repris 98% du contrôle d'EDF et le 8 juin, l'Etat aura 100% du contrôle d'EDF", a déclaré le ministre.
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"Cela va nous permettre de réaliser dans les meilleures conditions possibles le programme de construction de six nouveaux EPR", a-t-il ajouté. Le groupe dont l'endettement s'élève à 60 milliards d'euros veut construire 6 EPR 2 - un investissement de 60 milliards - avec une option sur huit autres.
Du retard lié aux contestations de petits actionnaires
Annoncée en juillet dernier, la renationalisation, pour un montant d'environ 9,7 milliards d'euros, doit ainsi permettre au gouvernement de piloter le vaste chantier du renouvellement du parc nucléaire français annoncé il y a un an par Emmanuel Macron. Actionnaire de l'électricien à hauteur de 84%, l'Etat a officialisé à l'été dernier le rachat des 16% manquants. En renationalisant, les pouvoirs publics souhaitent épargner à EDF les contraintes de la Bourse pour lui permettre de relancer plus vite le nucléaire en finançant la prolongation d'un parc vieillissant, au moment où le gaz russe fait défaut, et la construction dans les prochaines décennies d'au moins six nouveaux réacteurs.
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Mais le projet a pris du retard en raison de la contestation de petits actionnaires s'estimant biaisés par cette renationalisation. Ces actionnaires ont contesté pendant des mois par de multiples recours le prix de 12 euros par action fixé par l'Etat, réclamant a minima 15 euros alors qu'à l'ouverture du capital de l'énergéticien, en 2005, l'action en valait 32, avec une remise de 20% pour les salariés à 25,60 euros. La justice ne leur a pas donné raison.
Un projet de loi adopté "contre le démantèlement" d'EDF
La nationalisation d'EDF a longtemps inquiété par les craintes de démantèlement d'EDF. Les syndicats qui ont combattu ces dernières années le plan Hercule qui visait à séparer les activités nucléaires, hydroélectriques et renouvelables de l'électricien estimaient que cette opération doit conforter l'idée d'un EDF totalement intégré. Dans le même temps, ils redoutaient que l'Etat profite de cette reprise à 100% pour vendre l'entreprise par appartements. Face à ces craintes, une proposition de loi du député socialiste Philippe Brun contre ce "démantèlement" a été adoptée en février dernier, contre l'avis du gouvernement.
Avec la finalisation de l'opération le 8 juin, cette période de flottement de plusieurs mois va se fermer. Et les choses sérieuses vont commencer pour le gouvernement et le nouveau PDG d'EDF, Luc Rémont.
(Avec Reuters)