Entre 57 et 61 euros le mégawattheure (MWh) pour la période 2026-2040. Telle est la nouvelle estimation du coût complet de production de l’électricité par le parc nucléaire français actuel de la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Le rapport sur le sujet qu’elle a remis au gouvernement le 27 juillet a été dévoilé par le média Contexte mardi 19 septembre avant d’être officialisé par le ministère de la Transition énergétique dans la soirée. Les chiffres qu’elle avance et qui incluent l’EPR de Flamanville censé entrer en service au premier trimestre 2024 sont largement supérieurs à sa précédente évaluation, en 2020, à 48,36 euros le MWh, mais inférieurs aux estimations d’EDF et de la Cour des comptes. Dans le détail, la CRE a porté à 60,70 euros le MWh sur la période 2026-2030, 59,10 sur 2031-2035 et 57,30 entre 2036 et 2040.
Ces nouvelles données sont surtout bien plus élevées que le montant de l’Arenh, qui contraint actuellement EDF à vendre une partie de sa production nucléaire à 42 euros le MWh. Alors que ce mécanisme expirera en 2025, le gouvernement planche avec EDF sur l’avenir de la régulation du nucléaire. C’est dans ce cadre qu’il avait demandé à la CRE de mettre à jour ses estimations sur le coût de production de l’électricité nucléaire au mois de mars. Objectif de l’expertise : «déterminer le prix accessible [de l’électricité nucléaire] dans des engagements longs de l’opérateur nucléaire pour l’ensemble des consommateurs français en sécurisant la couverture des coûts de l’outil nucléaire», écrivait le gouvernement dans une lettre adressée au régulateur. Ce dernier pourrait, selon les informations des Echos, fixer un plafond de prix pour la vente d’une partie de l’électricité nucléaire «à un niveau proche des coûts de production qui avoisinerait les 70 euros le MWh».
Contrats de long terme
Les conclusions de l’expertise de la CRE risquent de ne pas plaire à EDF. L’électricien négocie actuellement avec des entreprises pour leur vendre d’importants volumes d’électricité sur le long terme à des prix qu’il espère suffisamment élevés. Une stratégie voulue par Luc Rémont, le PDG d’EDF, pour assurer la rentabilité de l’entreprise qui a perdu 18 milliards d’euros en 2022 et remplacer le cadre de régulation actuel. Si la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher avait soutenu cette proposition de l’électricien public lors de la Rencontre des entrepreneurs de France, son cabinet avait précisé qu’elle ne privilégiait pas un modèle de régulation plutôt qu’un autre. Autrement dit, que le nouveau cadre de régulation de la vente d’électricité nucléaire ne se baserait pas sur les contrats de long terme.