Le photovoltaïque ultraléger de Créawatt gagne les toits français

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La jeune pousse Créawatt déboule sur le marché du photovoltaïque de toiture avec une innovation poids plume. Sa solution auto-agrippante permet d'équiper de panneaux solaires des bâtiments industriels ou tertiaires trop fragiles pour les solutions traditionnelles. L'entreprise implantée dans le Loiret développe aussi un projet de réindustrialisation de ses panneaux, actuellement fabriqués en Chine. 

Cet été, le pavillon de la marée du marché international de Rungis (Val-de-Marne) accueillera sur son toit une couverture de panneaux photovoltaïque. Une nouveauté rendue possible grâce à l’innovation d'une société française : Créawatt. Créée en 2020, la jeune pousse est en train de se faire une place au soleil dans la solarisation des toitures.

En repensant à la fois la conception du panneau et sa fixation, sa solution six fois plus légère qu’une installation traditionnelle lui ouvre un immense marché en France. Celui des 100 millions de mètres carrés de toits de bâtiments tertiaires ou industriels qui ne supportent pas le poids des produits courants, mais également les toitures en zinc qui excluent les trous des fixations vissées. Son produit phare, le Luxsiol, est un panneau non pas en verre, mais en résine et composite de 430 Wc (watt-crête), avec une fixation en Velcro collée.

Plus besoin de renforcer la toiture

Mise au point par le fondateur de l’entreprise, Jean-Noël Gaine, un ancien installateur, l’innovation évite d’avoir à renforcer la toiture – une opération coûteuse qui douche souvent les velléités du photovoltaïque. Le système de fixation, testé au CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment), résiste à des vents de 280 kilomètres heures. «Avec cette solution de rupture, le plus difficile a été de trouver un assureur», retrace le directeur des affaires publiques, Christophe Neumann, qui se réjouit d’avoir finalement contracté avec Generali.

Créawatt a déjà installé 60 000 panneaux. Ils sont le fruit d’une collaboration avec le chinois Sunman Energy, qui les livre depuis ses usines chinoises pour un assemblage final de la fixation dans l'usine de Créawatt, implantée à Amilly (Loiret). Sunman fabriquait au départ essentiellement des panneaux en composite pour les camping-cars, une solution légère et flexible qui peut s’adapter à des supports dotés d’une certaine courbure. En travaillant avec Sunman, Créawatt a adapté la solution pour des panneaux de toits et intégré son système Velcro. Ce qui facilite au passage le changement de panneaux pour réparation ou maintenance. La solution est plus chère que des panneaux en verre fixés, mais «elle est 30 % moins chère que la solution avec renforcement de toitures impliquée par les techniques traditionnelles», fait valoir Christophe Neumann.

Créawatt panneaux photovoltaïque sur le gymnase de Durtal

Une collaboration avec les architectes des bâtiments de France

La société a aussi travaillé avec les architectes des bâtiments de France (ABF) pour réaliser un panneau entièrement noir, qui pourrait favoriser leur acceptation sur les toits en zinc. Une collaboration amont qui ne préjuge pas des autorisations finales, puisque chaque architecte du corps des ABF est décisionnaire sur la zone qu’il contrôle. Cette innovation technologique se double d’une belle histoire sociale, car les fixations auto-agrippantes sont assemblées en prison, avec la perspective d’embauche de certains des travailleurs à leur sortie. Plusieurs anciens prisonniers ont ainsi été embauchés dans l’usine d’Amilly.

Mi-2024, Créawatt dispose d’une cinquantaine d’installateurs agréés en France. Pour l'avenir, l’entreprise a l’ambition et l’accord de son partenaire chinois pour rapatrier la fabrication des panneaux (mais pas des cellules) en France. Le projet, qui vise à produire 500 mégawatts de panneaux, nécessite un investissement de 16 millions d’euros, pour lequel Créawatt a sollicité le soutien de France 2030.

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