Nouveaux forages pétroliers en Île-de-France : Paris craint pour son alimentation en eau potable

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Publié le 29 octobre 2020

Au sud de Paris, l'entreprise française Bridgeoil souhaite porter de deux à dix le nombre de puits pétroliers à exploiter. Mais la mairie de Paris, la régie Eau de Paris et les villes avoisinantes font part de leur opposition. Elles pointent du doigt les risques liés à l'approvisionnement en eau potable de la capitale alors que des sources importantes se trouvent à proximité de la plateforme. La décision finale doit être rendue dans quelques mois.

La Ville de Paris et Eau de Paris s'opposent à un projet de forages pétroliers, à Nonville, en Seine-et-Marne, à 70 kilomètres au sud de la capitale. Il s'agit de l'extension d'une plateforme pétrolière, dont la concession appartient à la société française Bridgeoil. Elle y exploite actuellement deux puits et veut en implanter dix de plus. Le problème est que ces derniers sont prévus dans une zone d'alimentation en eau potable. "Ce projet comporte des risques avérés pour l'alimentation en eau potable de Paris. Une fuite d'hydrocarbures condamnerait les sources locales pour une période qui peut être longue", estime l'adjoint à la maire de Paris en charge de la Transition écologique, Dan Lert, dans un communiqué. Au total, 300 000 Parisiens sont approvisionnés par ces sources.

En outre, un tel forage présente plusieurs dangers "liés aux forages et à l'exploitation des puits", mais aussi "au transport d'hydrocarbures", dans la mesure où "les aménagements routiers ne sont actuellement pas satisfaits pour sécuriser cette activité", souligne la mairie de Paris. Alors que l'Autorité environnementale d'Ile-de-France a quant à elle émis un avis favorable, assorti de plusieurs recommandations, la Ville de Paris et Eau de Paris ont émis un avis "fermement négatif" dans le cadre de l'enquête publique close lundi 19 octobre. Les municipalités voisines ont également pris des délibérations contre le projet et une pétition a été signée par plus de 70 000 personnes pour réclamer son abandon. 

Sites Natura 2000, dégagements gazeux, et incompatibilité avec l'Accord de Paris

"Le patrimoine naturel et paysager dans le périmètre est composé de sites classés Natura 2000, de sites classés Espaces Naturels Sensibles et de massifs forestiers protégés, souligne l’association Environnement Bocage Gâtinais (EBG) qui s’oppose à ce projet. L'implantation dans le paysage des derricks (jusqu’à 36 m de haut) et des oléoducs irait de pair avec une augmentation alarmante des transports dangereux. À Nonville même, des dégagements gazeux toxiques seraient théoriquement multipliés par quatre. De quoi inquiéter et révolter les habitants de la commune." Les opposants pointent également l'incompatibilité du projet avec l'Accord de Paris. 

Le commissaire enquêteur a désormais un mois pour rendre son avis, avant une réunion du comité départemental d'évaluation des risques sanitaires et techniques et une décision de la préfecture de Seine-et-Marne. L'ensemble de la procédure d'autorisation environnementale peut durer de 2 à 5 mois, selon la mairie de Paris. Une soixantaine de gisements sont encore exploités en France, principalement dans les bassins parisien et aquitain, et couvrent 1 % de la consommation nationale. La loi Hulot sur les hydrocarbures prévoit la fin de leur exploitation en 2039.

Concepcion Alvarez avec AFP

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