Pourquoi la start-up Carbon va racheter Photowatt à EDF

Il y a 4 semaines 112

En attendant la construction de sa gigafactory de panneaux photovoltaïque en 2026, la start-up Carbon voulait lancer une production pilote. En acquérant Photowatt, elle a trouvé une usine toute prête pour le faire.

A peine acheté en 2012 (à la demande de l'Etat), EDF cherchait déjà un repreneur à Photowatt, le seul fabricant de lingots de silicium français, qui ne produit plus aujourd’hui que des wafers et assemble des panneaux. Après un projet avorté en 2018 avec Canadian Solar et EMC Greentech de production d’une nouvelle technologie de cellules photovoltaïques, des rumeurs en 2021 d’un rachat par le même EMC Greentech, fabricant de four et fournisseur de Photowatt, sans suite, EDF a enfin trouvé un repreneur.

EDF renouvelables et la start-up Carbon, qui porte un projet de gigafactory de panneaux photovoltaïques à Fos sur- Mer (Bouches du Rhône) "sont parvenus à un projet d'accord pour le transfert de Photowatt avec une offre de reprise ferme de la société", confirme Carbon à L’Usine Nouvelle, précisant que le projet prévoit le maintien des 170 emplois sur le site Photowatt de Bourgoin-Jallieu en Isère. Le reste du projet, ce sont les représentants du personnel de Photowatt qui en auront la primeur lors d’un CSE exceptionnel prévu «dans les prochains jours», indique un porte-parole de Carbon.

Une usine pour son unité pilote de 500 MW

Ce n’est pourtant pas tant l’activité de cisaillage des briques de silicium et wafer, sur lesquels sont ensuite gravées les cellules photovoltaïques et dans laquelle EDF indiquait au printemps à L’Usine nouvelle avoir réinvesti 4 millions d’euros, qui intéresse Carbon dans un premier temps. Mais plutôt son usine et les compétences de ses salariés dans la production de panneaux photovoltaïques.

Sur son site web, Photowatt revendique 200 MWc de capacités de production. Or, à l’occasion du sommet Choose France organisé à Versailles le 13 mai, Carbon avait annoncé vouloir lancer une première unité de production de panneaux photovoltaïques de 500 MWc, avant le lancement de sa giga-usine de production de panneaux toute intégrés, du lingot aux panneaux début 2027, mais sans préciser le lieu d’implantation. Cette première usine baptisée Carbon one, doit produire 1 million de panneaux par an et fournir 200 emplois stables. Sa mise en service était annoncée pour septembre 2025.

Présentée comme un «accélérateur industriel» sorte d’unité pilote de la gigafactory, pour tester, éprouver et optimiser les procédés de production (automatisation, robotisation, digitalisation…), elle doit aussi permettre de répondre plus vite à la demande de panneaux made in France, «liée à l’évolution du cadre régulatoire en cours, dans la continuité de la signature récente du Pacte solaire» début avril, indique Carbon dans un communiqué. Une urgence, car les grands de la distribution ont déjà pris comme excuse l’absence de panneaux made in France pour ne pas couvrir leurs toits et parkings comme prévu par la loi d'accélération des énergies renouvelables.

Des compétences sur l'amont de la chaine de valeur du photovoltaïque

Ce premier outil industriel devrait aussi permettre à Carbon de concrétiser plus facilement des partenariats de long terme avec les fournisseurs d’équipements de production et de matières premières, ainsi que les centres de R&D, explique aussi Carbon.

Le projet de la start-up est très ambitieux. Elle souhaite développer et innover sur toute la chaîne de valeur de la production d’une nouvelle technologie de cellules photovoltaïques dite TopCon (Tunnel Oxide Passivated Contact), avec fonderie de lingots de silicium, des ateliers de découpe de plaquettes de silicium (wafers) que maîtrise Photowatt, des salles blanches pour la fabrication des cellules, des ateliers d’assemblage de modules et des entrepôts logistiques – sur environ 60 hectares d’installations industrielles au Grand Port Maritime de Marseille. Et pour baisser les coûts, Carbon veut d’emblée construire une usine de 5 GW de capacité. Les compétences de Photowatt sur l’amont de la chaîne, même sur une technologie différente, lui seront d’autant plus précieuses qu'elles sont rares en France. De quoi rassurer les salariés inquiets d’une éventuel plan social déguisé.

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