TechnicAtome démarre la chaufferie nucléaire du sous-marin Tourville

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Le spécialiste français de la propulsion nucléaire de défense TechnicAtome a annoncé trois bonnes nouvelles le 24 avril 2024. Outre des résultats financiers 2023 excellents et un carnet de commandes plein, l’entreprise fêtait la première divergence pour la chaufferie nucléaire du troisième des six sous-marins nucléaires d’attaque de classe Barracuda construits par Naval Group.

Loïc Rocard, le PDG de TechnicAtome, n’a pas pu s’empêcher de faire le parallèle, lors d’un point avec la presse, le 24 avril à Paris. Alors qu’EDF, son actionnaire à 9,03% et partenaire sur le projet de SMR Nuward, n’a toujours pas démarré son réacteur nucléaire EPR à Flamanville (Manche),  le spécialiste français de la propulsion nucléaire de défense, lui, se félicitait d’avoir fait diverger pour la première fois la chaufferie nucléaire du troisième des six sous-marins nucléaires d’attaque de classe Barracuda construits par Naval Group, le Tourville. Le bâtiment va ainsi pouvoir sortir du dispositif de mise à l’eau du chantier de Naval Group de Cherbourg (Manche) pour réaliser des essais en mer.

Le premier de cette famille de sous-marins, le Suffren, avait été admis en service actif par la Marine en novembre 2020 et le second, le Duguay-Trouin, le 4 avril 2024. Les suivants seront le Rubis et le Casabianca. Ils seront progressivement livrés d’ici à 2030 à un rythme d’un tous les deux ans. Grâce à l’effet série et à une construction modulaire, TechnicAtome a pu avancer sur la construction de plusieurs chaufferies en même temps. Ainsi, la sixième destinée au Casabianca est en cours d’achèvement sur le site industriel de l’ingénieriste de Nantes Indret, avant de partir à Cherbourg.

TechnicAtome va pouvoir se concentrer sur la commande de 2021 portant sur quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, dont Naval Group a démarré la construction du premier en mars, et sur les deux chaufferies nucléaires du PANG, le porte-avions de nouvelle génération, successeur du Charles-de-Gaulle, annoncé par Emmanuel Macron au Creusot le 8 décembre 2020.

Un carnet de commandes plein

C’est donc six chaufferies nucléaires que TechnicAtome doit maintenant concevoir, réaliser et mettre en service d’ici à 2038. Avec ses activités de maintien en conditions opérationnelles et ses activités civiles, notamment sa collaboration au projet du miniréacteur électronucléaire d’EDF, Nuward, l’entreprise dispose d’un carnet de commande de 1,8 milliard d’euros et d’une santé financière excellente, qui lui permet d’investir pour accompagner sa croissance. Pour l'exercice 2023, TechnicAtome affiche un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros, en croissance de 11% comparé à 2022, avec un bénéfice net de l’ordre de 15%. «Pour 2024, nous prévoyons plus de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il sera encore en croissance en 2025», prévient Jean Merveilleux du Vignaux, le directeur financier et juridique de TechnicAtome.

L’effectif ne cesse lui aussi de croitre. Il a dépassé les 2000 salariés en 2023 contre 1500 en 2018. Pour les faire travailler dans les meilleures conditions, TechnicAtome investit dans la construction de deux nouveaux bâtiments à Aix-en-Provence, où est basé plus d’un tiers (786 personnes) des équipes de l’industriel, ainsi que dans une nouvelle base vie sur le site du CEA de Cadarache (998 personnes) où TechnicAtome produit son combustible nucléaire, opère un réacteur pour ses chaufferies, le RES, mis en service en 2018 et finit la construction avec le CEA du réacteur de recherche sur les matériaux irradiés Jules Horovitz. Le reste des effectifs est basé au siège à Saclay (Essonne) (123 personnes), dans les ports la Marine (Toulon et Brest), à Cherbourg (73), Nantes Indret (17) et à Bordeaux sur le site de Laser Mégajoule (36) TechnicAtome a investi dans son développement 100 millions d'euros depuis cinq ans. Sur les 32 millions d’euros en 2023, 50 % sont allés aux investissements immobiliers.

Pas de diversification dans le spatial ou le maritime

Entreprise duale, TechnicAtome consacre «15 % de son activité» à des projets civils, explique Loïc Rocard. Notamment le développement du petit réacteur nucléaire modulaire Nuward, dont le design du réacteur est sorti de son bureau d’ingénierie en 2017, à un moment de creux dans l’activité de l’entreprise.  Une centaine de personnes y travaille pour passer du concept au design détaillé. Mais pas question de prêter son réacteur d’essai de Cadarache ni de plancher sur des combustibles innovants pour les start-up qui développent des réacteurs nucléaires avancés ou AMR. «On est dans le monde de la PN (propulsion nucléaire). Elle n’est pas partageuse», rappelle Loïc Rocard.

TechnicAtome n’est pas pour projet de partager son savoir-faire avec le spatial, même si cela a pu être le cas par le passé. Et, pour des questions de risque de prolifération, pas question non plus de diffuser son savoir-faire en matière de propulsion nucléaire pour décarboner le transport maritime.  «Ce qui ne nous empêchera pas de nous intéresser au sujet le moment venu», reconnait Loïc Rocard. Ce dernier n’est pas pressé. La diversification des activités de TechnicAtome n’est pas au menu des prochaines années.

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