Boostée par l'appel d’offres SMR de France 2030, la start-up Neext Engineering réoriente son projet Sparta vers l’amélioration du rendement électrique des centrales thermiques. Pour y parvenir, elle a décroché une subvention de 10 millions d’euros de France 2030.
Après un parcours un peu complexe, les choses se clarifient pour la start-up française Neext Engineering. Fini les ambitions de développer un mini-réacteur nucléaire refroidi au plomb ou de commercialiser des outils numériques d’aide à la conception de SMR. La start-up installée à Belfort va désormais mettre toutes ses forces dans l’amélioration du rendement des systèmes de conversion d’énergie thermique en énergie électrique. Le projet de R&D Sparta qu'elle pilote aux côtés du CNRS et de la nouvelle filiale EDF Arabelle Solutions (ex-GEAST) a décroché une subvention de 10 millions d’euros de France 2030 pour industrialiser la technologie des fluides réactifs.
«Quand on a postulé à l’appel à projets sur les petits réacteurs nucléaires innovants, France 2030 nous a réorienté sur i-demo3. C’est un appel à projets générique pour les dossiers atypiques visant à passer d'une technologie de labo à un démonstrateur industriel. Car notre projet ne portait pas sur le réacteur, mais sur la partie dite conventionnelle», explique Jean Maillard, le président de Neext Engineering.
La start-up veut industrialiser les travaux du laboratoire du CNRS LGPR à Nancy qui a identifié des nouvelles familles de fluides réactifs, non toxiques pour l’homme et l’environnement, qui pourraient augmenter au-delà de 50% le rendement de production d’électricité à partir de chaleur, contre 30 à 35% aujourd’hui dans les centrales nucléaires.
Dépasser les 50% de rendement
«La piste des fluides réactifs, en remplacement de la vapeur d’eau, a déjà été explorée en Biélorussie jusqu’à la construction de trois réacteurs, mais avec des fluides toxiques, explique Jean Maillard. Et les travaux avaient été arrêtés en 1986 après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Les installations étaient à proximité de la centrale.»
Le projet de R&D Sparta, d’une durée de cinq ans, vise à finaliser les travaux de recherche sur les fluides réactifs par le CNRS pour identifier les plus adaptés à chaque type d’usage (production d'hydrogène, géothermie…) et à les tester. Sur les 10 millions d’euros débloqués, Neext Engineering en recevra directement 7,3 dont 4,5 millions pour la construction d’un banc d’essai de l’ordre du mégawatt de puissance pour tester «une demi-douzaine de fluides». La localisation du site n’est pas encore choisie.
Le reste servira au recrutement d’une dizaine d’ingénieurs et à l’étude des besoins des industriels, mais aussi des développeurs de réacteurs nucléaires innovants, qui cherchent à optimiser leur rendement. «On est entrés en discussion avec tous les acteurs du SMR. On a rencontré l’intégralité des lauréats de l’appel à projets réacteurs innovant de France 2030. Et on commence à contractualiser des prestations avec certains pour accompagner leur développement», précise Jean Maillard.
Lors de cette première phase de cinq ans, Arabelle Solutions se limitera à l’acquisition de connaissances et à des tests sur des turbines existantes pour comprendre les adaptations nécessaires, en termes de profil d’ailettes notamment. Le gros des investissements de la filiale d'EDF interviendra après cette étape de R&D, lorsqu’il s’agira de produire des turbines adaptées à ces nouveaux fluides réactifs, même s’il ne devrait s’agir que d’adaptation de la technologie existante.
Quant à Westinghouse, autre partenaire de Neext Engineering, il n’est plus concerné par le projet Sparta. Mais «on continue de travailler avec eux», assure Luc Maillard. L’américain développe lui aussi des projets de SMR qui pourraient bénéficier des avancées du projet Sparta. Et ses réacteurs de fortes puissances peuvent être équipés de turbines Arabelle.