Pour la première fois, Total ne mise plus tout son avenir sur le pétrole

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Publié le 02 octobre 2020

La croissance de Total ne se fera plus dans la production pétrolière, mais dans l’exploitation du gaz et celle des énergies renouvelables. Ce n’est pas l’opinion d’un analyste ou d’un expert, mais la stratégie affichée par le PDG de l’entreprise, Patrick Pouyanné. Une vraie remise en cause du paradigme historique de l’entreprise qui associait sa valeur au volume d’or noir produit.

C’est une révolution copernicienne chez Total. Depuis presque 100 ans, l’alpha et l’oméga de la stratégie, à l’instar de celle des autres grands pétroliers, a été le nombre de barils de pétrole produits. C’était l’un des indicateurs clés de la vie de l’entreprise et l’un des points que les investisseurs scrutait de près lors des résultats annuels de l’entreprise. Mais lors de la dernière journée dédiée aux investisseurs, le 1er octobre, le PDG Patrick Pouyanné a remis en cause ce dogme.

Il a annoncé que la production de pétrole de l’entreprise allait stagner voire même décliner d'ici 2030. En 2019, l’entreprise a produit plus de trois millions de barils par jour. Le groupe va continuer à investir environ un milliard de dollars par an dans l’exploration. Ce n’est pas tant l’or noir qui sera recherché que le gaz. Total mise beaucoup sur le gaz naturel liquéfié (GNL) et souhaite conforter sa place de numéro 2 mondial. D’ici dix ans, il attend une baisse de 30 % des ventes de ses produits pétroliers.

10 GW de renouvelables par an

Ainsi, le gaz va représenter 50 % de la croissance de Total dans les années à venir, l’autre moitié proviendra de l’électricité. Celle-ci sera produite à partir de gaz et de sources renouvelables. Sur ce dernier point, le PDG affiche de très sérieuses ambitions ! "Nous sommes dans le Top 5 des producteurs de pétrole, nous voulons être dans le Top 5 des énergies renouvelables", lance-t-il.

L’objectif de 2025 est d’afficher 35 GW de capacité d’énergies renouvelables puis croître de 10 GW par an. Soit 85 GW au total en 2030 ! À titre de comparaison, BP, l’un des acteurs les plus avancés, affiche un objectif de 50 GW. Le coup sera conséquent. Total annonce deux milliards d’euros d’investissements par an (hors hydrocarbures) d’ici 2025, puis trois milliards d’euros par an d’ici 2030. 

Des émissions sur le scope 3 en baisse dès 2030

"Total va devenir Total énergieS avec un grand S (…), la première major pétrolière et gazière à prendre des engagements de réduction de 30 % de ses émissions de CO2 sur son scope 3 dès 2030 (celles de ses consommateurs, ndr)", expliquait Patrick Pouyanné. Cet objectif, véritable virage vert pour le pétrolier, a plu aux investisseurs. Dans la foulée de ces annonces, le cours de la multinationale gagnait 3,55 % en bourse, un signe que la nécessité d’une transition énergétique est admise.

Total n’est pas le premier pétrolier à prédire l’après pétrole à moyen terme. Dans son rapport annuel sur le monde de l’énergie, BP assure que, dans un scénario optimiste, la demande de pétrole a déjà passé son pic de la demande et ne se relèvera jamais de la chute causée par la crise sanitaire. Même dans le scénario le plus conservateur, avec une transition énergétique au même rythme qu’actuellement, la consommation d'or noir atteindra un plateau dans les années qui viennent. En revanche, le gaz continuera à afficher une belle résistance, assure l’entreprise.

Ludovic Dupin, @LudovicDupin

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