Publié le 14 octobre 2020
La neutralité carbone en 2050 fait converger bon nombre d’objectifs de politiques publiques de développement durable sur la planète. Dans son dernier rapport annuel, le Energy Outlook, l’Agence Internationale de l’énergie prévient que malgré des émissions en baisse, le monde est loin de l’objectif et que des efforts décisifs sont à fournir dans la décennie à venir.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) appelle à accroître les efforts pour aboutir à une baisse durable des émissions de gaz à effet de serre et esquisse pour la première fois un scénario de neutralité carbone, dans son World Energy Outlook 2020, le rapport annuel publié mardi 13 octobre.
La pandémie de Covid-19 a bousculé le monde de l'énergie. La demande devrait chuter de 5 % cette année, les émissions de CO2 liées au secteur énergétique de 7 % et les investissements dans le secteur de 18 %, selon les dernières estimations de l'AIE. Le pétrole recule de 8 % et le charbon de 7 % tandis que les renouvelables doivent tirer leur épingle du jeu. Toutefois, l’agence experte appelle à plus de volontarisme sur la transition mondiale.
Des changements structurels
"Malgré une chute record des émissions mondiales cette année, le monde est loin de faire assez pour les mettre sur le chemin d'un déclin décisif", met en garde son directeur exécutif, Fatih Birol. "Seuls des changements structurels dans la manière dont nous produisons et nous consommons peuvent casser la tendance des émissions pour de bon", poursuit-il.
Comme chaque année, l'AIE élabore différents scénarios pour le futur dans son rapport de plus de 450 pages. Le scénario qui extrapole à partir des politiques et des engagements existants, et celui qui fait l'hypothèse d'une reprise économique plus tardive, ne se traduisent pas par une chute durable des émissions au-delà de celle prévue cette année.
Aussi, pour la première fois , l’AIE a publié un scénario "zéro émission nette" d'ici 2050 (dit NZE2050), qui va plus loin que son scénario dit de "développement durable". Un certain nombre d'entreprises, de pays et de régions, à commencer par l'Union européenne (UE), se sont fixé cet objectif de neutralité carbone à l'horizon du milieu du siècle afin de limiter le changement climatique. Il suppose de réduire les émissions de CO2 au minimum et compenser ce qui reste par différents moyens d'absorption (forêts, capture de carbone, etc.).
Besoin d’électrification massive
L’atteinte de cet objectif suppose une série d'actions radicales au cours des dix prochaines années. Pour déjà réduire les émissions de 40 % en 2030, il faudrait par exemple que les sources de production d'électricité faiblement émettrices atteignent près de 75 % de la production (contre moins de 40 % en 2019). Les données pour la mobilité sont encore pires. Il faudrait bondir de 2,5 % de voitures électriques vendues en 2020 à plus de 50 % dans 10 ans.
"L'électrification, les gains d'efficacité énergétique massifs et les changements de comportements ont tous des rôles à jouer, ainsi qu'une accélération de l'innovation concernant un large choix de technologies comme les électrolyseurs pour produire de l'hydrogène ou les petits réacteurs (nucléaires) modulaires", prévient l'AIE. Ces efforts doivent venir des gouvernements, des entreprises, du secteur financier mais aussi les citoyens, explique-t-elle.
Ludovic Dupin avec AFP